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Il se passerait quoi si je n’en avais rien à foutre du regard des autres ?

Vaste question. Jamais posée auparavant. Car, avant, le regard des autres m’importait peu ; je vivais dans un monde qui n’appartenait qu’a moi, pétrie de certitudes aussi infondées qu’absurdes, mais elles avaient le mérite de m’appartenir. Ce souvenir de ma vie crée une nostalgie morbide ; nostalgie car cette sensation d’appartenance, appartenance à un univers -quel qu’il soit-, apporte une sensation de sécurité ; morbide car ladite sécurité n’était en fait qu’un mirage, une merveille de prestidigitatrice.

C’est insidieusement que l’avis des autres a pris une dimension nouvelle dans mon existence.

Lors d’une période de vulnérabilité, les paroles m’environnant m'ont enivrée, elles ont pris la place de ma vérité et sournoisement elles ont gommé ma personnalité. Me sentant incapable de raisonner par moi-même, de faire des choix qui en vaillent la joie, j’ai doucement laissé une assemblée de voix prendre possession de mes convictions. J’ai remodelé ma personnalité sur les dires de personnes bien pensantes. De celle qui, sans s’en rendre compte, détruisent ce que vous aviez ériger en vous pour y mettre une part d’elle-même. J’ai avalé, avalé à m’en étouffer les doctrines erronées et nauséabondes d’une foule de personnes sans importance réelle -ni à mes yeux, ni dans l'entièreté de ma vie-, des personnes de passage, des anges déchus, des faux prophètes pas si sages, de ceux qui pensent le monde dans une bulle de soie mais oublient que dans tout cela il nous est demandé d'être Soi, non pas une pâle copie de phrases philosophico-spirituelles lues sur un site peu fiable ou entendues lors d’un séminaire de bas étage.


La déconstruction survient à de nombreuses reprises le temps d’une vie. Je pensais que la première était la plus douloureuse mais j’expérimente que les suivantes sont tout aussi insupportables. Pensons à ces pauvres homards qui souffrent lorsqu’ils changent de costume, leurs corps nécessitant un modèle plus grand, ils peuvent rester nus des jours durant, alors à la merci de tous les prédateurs. A l'image de ce qu’il se passe lorsqu’un coup dur nous assaille, nous nous retrouvons sans carapace, à la merci de belles paroles et d'idées de grandeurs des vendeurs de rêves. On se façonne, on s’oublie, on omet de remettre un costume et on se laisse aller à la guenille et autres haillons proposés par une expérience existentielle peu scrupuleuse. Même si la vie peut être douce et joviale, elle n'a que faire des préoccupations de nos pauvres êtres mortifiés.


Voilà à quoi ressemble mon costume ce soir, une vieillerie déchirée, comme mon âme que je ne suis pas en mesure de rafistoler. La construction est aussi douloureuse que la désintégration. Que vais-je mettre derrière les mots : « Qui suis-je » ? Comment répondre à : « Qu’aimes-tu ? Quelles sont tes passions, tes pulsions, tes expansions ? Comment t'épanches-tu ? » Mais comment répondre à ces questions vides de sens, car vides de profondeur si nous n’y avons pas songés, profondément, avant qu’elles ne nous soient posées.


Phrases toutes faites, idéologies familiales, lectures de jeunesse, Maîtres et différents cocktails d’élaboration de Soi. Est-ce cela qui fait de nous ce que les autres voient ?

Finalement, qu’importe ce que l’on met derrière la construction, elle se base toujours sur du connu, avant qu’intervienne l’ultime question : Es-tu sur de penser tout cela, l'idée même que tu te fais de toi ? Ou répètes-tu tes préceptes comme un docile néophyte ?


Moi qui ne désirais qu'être droite, par peur des fautes et des douleurs je projetais d'être lisse, plate, parfaite. Mais il ne s'agit là que d'un énième mirage et la prestidigitatrice doit se muer en fondatrice pour cesser de recommencer indéfiniment ce voyage.


Quant à répondre à la question du titre : Il se passerait quoi si je n’en avais rien à foutre du regard des autres ?


Il se passerait que j'écrirais foules d'idées véhémentes, de proses enfouies aux confins de mes tripes. Textes sur lesquels je verse parfois de l'acide dans l'espoir de les faire disparaitre à tout jamais de mes souvenirs. Mais l'encre revient me chercher, plus forte à chaque coulée, je ne peux que la suivre dans un élan de pensées.

J’ai cessé d’écrire car je n’avais aucun désir de répondre aux questions de mes proches et moins proches, ni de donner d’explications, ou encore de me défendre lorsque quelqu’un.e attaquait mes idées, dû au simple fait -qu’en vérité-, elles n’étaient pas comprises. Plutôt que d’apprendre à argumenter, j’ai choisi de me taire. Donnant, une fois n'est pas coutume, trop de valeur aux dires des autres, à ceux qui savent mieux que moi car « je n'ai que 28 ans ».

Mais, qu'importe l'âge, ce qui brûle en moi, je ne l'ai lu nulle part, je l'ai vécu, senti dans ma chair, jusqu'à la naissance de mes cellules. Il est temps que je sorte de la mienne.

 
 
 

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