14e symphonie memoria madre
- catherinesonnet
- 13 mars 2023
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Quatorze ans. 5110 jours et pas un sans que je ne désir te dire "tu n'devineras jamais...", pas un où je n'ai souhaité t'entendre me dire "tu verras bien", pas un où je n'aurais aimé te serrer fort contre mon corps, si fort. Cette quatorzième année elle n'est pas seulement l'anniversaire de ton départ, cette année c'est une arrivée que je voudrais célébrer. Celle de ton petit-fils. J'ai souvent dit que j'avais appris à devenir une femme seule, aujourd'hui je pourrais dire que je deviens une mère seule. Mais ce n'est pas vrai. La vie a mis des dizaines de femmes sur mon chemin, autant de mères, toutes plus lumineuses les unes que les autres, toutes porteuses d'un message de germination et d'amour. Toutes porteuses du monde, maman, si tu voyais comme elles sont belles. Mais je sais que tu sais. Qu'importe que ce soit toi qui les aies mises sur mon chemin ou si j'ai simplement le nez fin.
Quatorzième année, j'en aurai bientôt passé davantage dans l'absence de ta présence qu'à tes côtés, je suis incapable de me souvenir du son de ta voix, seule la couleur de tes yeux persiste, ocre émeraude indélébile. J'ai souvent écrit avec mes tripes, le coeur triste. Là, j'ai envie de peindre ma joie, de faire tinter les cloches du bonheur. Tu n'es pas là mais la mère que tu fus vit en moi, dans les yeux de mon fils je revis notre amour. Maman, c'est à mon tour de m'écrire, de me mettre au premier plan, de cesser de vivre dans l'ombre qui plane dans ton absence. Je choisis la présence, l'explosion de vie, le premier souffle. La naissance de ce qui vibre en moi depuis tout ce temps mais que j'ai tenté de brûler avec ton corps. Écorchée vive, année après année mes mots ont rendu compte de mes maux, d'année en année j'ai cessé de me croire damnée, le voile de l'ombre s'est dissipé avec lenteur et au bout du chemin l'arc-en-ciel m'attend, le trésor y est. L'arc-en-ciel, métaphore de la vie, mélange de soleil et de pluie. De joie et de tristesse. L'une laissant successivement place à l'autre pour parfumer les ruelles de l'existence. La mère, c'était le chemin pour retrouver mes sens, mon essence.
Quatorze ans sans toi, c'est l'heure de l'adolescence. Cette fois loin des meurtrissures, d'amour je comblerais mes fissures.
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